Depuis quelques années, je vais a la rencontre de jeunes femmes qui ont choisi le métier d’actrice. Encore apprenties, ce sont des actrices en devenir. Et bien plus que l’accomplissement, c’est cette évolution qui m’intéresse. Dans leur vingtaine, elles épousent un idéal de vie qui aujourd’hui peut paraitre courant voire ordinaire et qui pourtant déborde de courage et de trempe. Les rencontrer, découvrir leurs rêves, écouter leurs chemins, photographier leurs expressions, mettre en scène leurs corps, échanger sur la vie, sur les films, sur leurs castings, l’évolution de leurs projets, les doutes qui s’installent, la frustration qui parfois les gagne et toujours, toujours la rage de jouer. Je suis fascinée par ces jeunes femmes dont le rêve ultime n’est autre que celui de vivre. Vivre au-delà, par-delà leur propre vie. Vivre et choisir leurs vies, plusieurs vies. De multiples vies. En hébreu, la vie se dit haïm. Littéralement les vies. Le terme n’existe qu’au pluriel. Comme si la vie d’un être s’étendait toujours plus loin, dans un ailleurs encore inconnu, à l’infini. J’aimerais rendre un hommage aux femmes qui vont vers elles. A celles qui tendent l’oreille pour entendre cette invitation, écouter cette voix divine ou la leur. L’empathie n’est-elle pas la plus belle des armes, pour survivre au monde, et tenter de répondre à ce grand point d’interrogation qu’est l’existence ? Ne serait-ce pas la médiation la plus fidèle, la plus adéquate qui nous permette de nous construire ? Mettre un masque, l’enlever, fouiller en soi, en l’autre, cette quête de vérité ne rejoint-elle pas la perspective que chacun dessine dans une vie ? Elles ont choisi de sonder les vies. J’ai choisi de sonder la leur. Elles ont choisi de sonder en elles. Moi aussi.